mercredi 4 novembre 2009

La station d'épuration de Fontainebleau-Avon montrée du doigt




Il y a un mois, Chantal Jouanno secrétaire d’Etat à l’écologie, en visite à la station d’épuration d’Achères dans les Yvelines, faisait un point sur le plan de reconstruction des stations qui doivent respecter en 2011 la directive européenne relative aux eaux résiduaires (Deru). En France, sur 146 stations hors normes en 2007, il ne reste que 12 stations où les travaux n’ont pas commencé, et début 2010 il ne demeurera que 3 mauvais élèves : Bordeaux, Versailles et … Fontainebleau-Avon.

L’information a été publiée dans tous les médias, presse et internet, excepté localement dans notre agglomération. Silence embarrassé de nos élus qui travaillent le prestige de la cité, et oublient les tâches communales les plus élémentaires.

Les photographies que nous publions ont été prises en juin 2009. L’état ancien et délabré de la station ne peut être nié (elle est cachée au grand public par une clôture hermétique), les rejets dans la Seine ne sont pas anodins. Nous polluons et ce depuis de nombreuses années.

Le sujet n’est jamais évoqué en conseil municipal. La station est gérée par la Communauté de communes où ne siège aucun membre de l’opposition verte, aux questions embarrassantes.

Le projet n’est pas un long fleuve tranquille :
- il y a plus de 15 ans, Pierre Pic alors maire d’Avon et président du district, lance une étude pour reconstruire la station
- en 1995, Jean-Pierre Le Poulain, nouveau maire élu, annule le projet de son prédécesseur,
- de 1996 à 2007, au gré des impulsions gouvernementales, des directives européennes et de l’implication des maires de l’agglomération le projet refait surface périodiquement,
- en 2007 : Jean-Pierre Le Poulain, président de la CCFA, lance son concept futuriste et irréaliste : une station belle esthétiquement, bien intégrée aux berges de la Seine, qui ne sent pas et dotée des technologies les plus avancées pour garantir une pureté maximale des eaux rejetées, une station de démonstration de la technologie française,
- début 2009, Odette Hugot, nouvelle présidente de la CCFA, annule la décision de son prédécesseur, invoquant un vide juridique non précisé dans le montage, 2 millions d’euros ont été dépénsés en étude pour un budget estimé de 20 millions ; un appel d’offres pour une maîtrise par un cabinet d’avocats est lancé,
- mai 2009 : M. Le Préfet de Seine et Marne, prend en main le dossier et demande à la CCFA de consigner 6,8 millions d’euros pour démarrer dans les plus brefs délais les travaux. Il s’agit là d’une grave sanction comme toutes les inscriptions d’office de dépenses dans le budget d’une collectivité locale qui ne fait pas face à ses obligations.

La nature est la grande perdante de ces guerres politiques. Le citoyen est interloqué devant tant d’incompétences et de gaspillages d’argent public.

Concevoir, construire et maintenir une station d’épuration est un métier de spécialistes : les normes de rejet à respecter sont complexes et en pleine évolution, les technologies de traitement progressent. Une opération réussie est une station bien intégrée et adaptée à la population de l’agglomération, conforme aux normes, aux coûts de construction raisonnables, utilisant une technologie fiable, et dont les frais de fonctionnement sont les plus faibles possibles.

Les élus, sûrs de leur supériorité, se lancent accompagnés de bureau d’études incompétents ou courtisans, se trompent ou se disent trompés, imposent sans écouter, inaugurent et s’auto-félicitent au détriment des contribuables qui, lucides, évaluent un rapport qualité-prix final.

Dans ce contexte, comment Monsieur Le Poulain, Maire d’Avon, étant par ailleurs Président de la commission Agenda 21 et du développement durable de l’AMIF, peut-il nous parler de développement durable, de biodiversité, quand il est co-acteur et co-responsable d’une pollution aussi grave par son importance et sa durée ?