jeudi 10 novembre 2011

Monsieur le maire d’Avon inaugure le bar de la gare.

La ville s’engage dans l’immobilier commercial.

Le buffet de la gare de Fontainebleau-Avon a rouvert ses portes après 7 ans de fermeture. La rénovation est de qualité, les voyageurs retrouvent un endroit sympathique où l’on peut prendre son café, déjeuner, ou dîner.

L’histoire de l’établissement n’est pas un long fleuve tranquille. Propriété de la SNCF, il a vu se succéder nombre de gérants et a finalement fermé il y a quelques années. En 2008, durant les élections municipales, le candidat Le Poulain a promis démagogiquement d’en faire un cyber café. Elu, il a immédiatement acheté le bâtiment en ruines pour 290 000 €, une somme déraisonnable. Les services de la ville se sont vite aperçus qu’il faudrait investir autant pour le rénover. Las, le stratège avonnais, sans le sou, s’est tourné vers la communauté de communes qui n’en a pas voulu. Il l’a ensuite proposé pour le Parc National qui verra peut-être le jour dans 10 ans. Il s’est finalement résigné à le louer à un professionnel de la restauration.

Le montage financier de l’opération est subtil : le locataire rénove à ses frais le bâtiment, la ville signe un bail de 18 ans, et demande un loyer de 200 €/mois.

Entre-temps la ville a rénové la toiture et enlevé la cuve à fioul, et le locataire a fait près de 600 000€ de travaux.

Est-ce la mission d’une ville de se lancer dans l’immobilier commercial ? Oui, parfois, dans un petit village quand le dernier commerçant est parti, mais pas à Avon où les restaurateurs du quartier peuvent très légitimement parler de concurrence déloyale, le loyer qu’ils paient eux n’étant pas comparable.

L’opération est-elle rentable pour la ville ? Non, avec un rapport annuel de moins de 1% brut, c’est une mauvaise affaire financière qui risque de perdurer 18 ans, soit un préjudice final de plus de 400 000€. Les impôts versés par les contribuables méritent une affectation d’intérêt général et non un investissement privé. C’est une grave erreur de gestion.

Il reste à souhaiter bonne chance à la gérante, qui prend beaucoup de risques. Sans changer le concept du lieu, il est à craindre un nouveau dépôt de bilan . Car la profession souffre aujourd’hui : interdiction de fumer, interdiction de boire, régime alimentaire, baisse du pouvoir d’achat, internet sont autant de freins au développement de lieux de convivialité. La mairie d’Avon a-t-elle rempli son devoir de conseil ?