mardi 22 mars 2011

Office HLM : le mélange des genres

Le journal « Le Monde », dans son édition du 14 mars 2011, relate le licenciement de la directrice de l’office HLM de Montereau après une grave maladie. « Le poste a toujours été très politique » a affirmé, au journaliste, le délégué CGT de l’Office. Le maire de Montereau en a profité pour la remplacer par un proche.

Nous nous sommes procurés le rapport publié en août 2010 par la Trésorerie Générale et rédigé par la Mission Interministérielle d’Inspection du Logement Social. L’office de Montereau gère fin 2008, près de 3123 logements essentiellement à Surville. La mission a noté des défauts de gourvernance : le chef de cabinet du maire, est intervenu jusquà fin 2009 directement dans la gestion, court-circuitant le comité directeur. Les indicateurs financiers sont mauvais : sans un financement externe l’Office ne peut plus fonctionner et le redressement escompté n’est pas pour demain . Les coûts de gestion sont exorbitants, les effectifs ramenés au parc géré sont le double de la médiane nationale. Le cœur du métier ( administration, gestion des logements, suivi technique ) est lui aussi mal maîtrisé.

Qu’en est-il à Fontainebleau-Avon ? Plusieurs offices se partagent le parc immobilier social : l’OPH (Office Public de l’Habitat du pays de Fontainebleau) gère 1460 logements, FSM 784, 3 Moulins Habitat 110, 3F Immobilier 67 et La Sablière 70. Il y a eu en 2009, 148 demandes de logement à Avon et 189 à Fontainebleau. Les familles mono-parentales constituent 36% des demandes, suivies des célibataires (28%) et des couples avec enfants (23%). Les appartements de 3 pièces sont les plus recherchés.

En 2010 l’OPH a été dissous. Retour sur une disparation annoncée dés 2008 par la Mission Interministérielle d’Inspection du Logement Social en audit à Fontainebleau. En 2007, l’OPH rachète à l’armée les barres de la Faisanderie, 280 logements situés à l’entrée de Fontainebleau. L’opération est menée tambour battant par Jean-François Copé alors ministre du Budget et le maire de Fontainebleau. Le montant de la transaction, 14,5 millions d’euros, est beaucoup trop élevé (M. le maire d’Avon le confirmera en conseil municipal fin 2010), c’est une très grave erreur de gestion à imputer aux deux élus UMP.

Fin 2008, la mission interministérielle évalue, à la différence de Montereau, positivement l’office : « L’OPH loge dans des conditions globalement satisfaisantes . Les coûts de gestion sont maîtrisés. Quelques insuffisances (diagnostic amiante, suvi des ascenceurs, des réclamations et de la propreté) sont relevées. ». Mais elle note aussi « l’équilibre financier est compromis par le portage de l’opération de la Faisanderie, l’office doit envisager une solution extérieure ».
En analysant la structure financière (autofinancement faible, endettement important), les auditeurs ont prévu ce qui allait se passer.

2009 : le projet piétine. La mise en conformité technique s’avère plus complexe que prévu, la modification du Plan Local d’Urbanisme tarde, les politiques imposent à l’OPH des orientations.

2010 : l’OPH rembourse un emprunt, encaisse peu de loyers et n’a pas les moyens de financer le projet. L’OPH annonce en juin 2010, un dépôt de bilan pour 2011. Les municipalités ( Fontainebleau, Avon et Champagne), sans ressources financières, ne peuvent recapitaliser l’office et envisagent de le céder. Le Logement Français (société anonyme) est pressentie. Le département intervient, et finalement fusionne l’OPH avec l’Office départemental qui rétrocèdera à FSM le parc de Fontainebleau-Avon. Octobre 2010 : la communauté de communes garantit un emprunt de plus de 16 millions d’Euros, sur une durée de deux ans. C’est une procédure rare et risquée pour une garantie de trésorerie court terme.

Le logement social ressort affaibli de ce monopoly. Les 40 emplois de l’OPH sont fragilisés. Les locataires sont ballotés et pris en otages par des politiques pleins de bonne volonté mais incompétents dans la gestion immobilière. Le patrimoine immobilier attise les convoitises, des amis des amis proposent leurs services pour gérer les importantes sommes d’argent brassées mensuellement. Seule la MIILOS travaille en professionnel, surveillant la bonne utilisation des fonds débloqués par l’Etat et demandant à chacun de respecter ses droits et ses devoirs pour un logement social de qualité.