Ils étaient près de 1 500 mardi 12 octobre 2010 pour une manifestation bon enfant dans les rues de Fontainebleau. Le cortège regroupant les lycées Couperin et François 1er a descendu la rue de la paroisse pour un sit-in improvisé devant la mairie de Fontainebleau, où le 1er magistrat, fervent partisan de la réforme, s’était retranché. Quelques mots historiques ont été prononcés lors de la réception d’une délégation. Des parents d’élèves nous ont fait part de violences policières lors de la dispersion du cortège entre 13 et 14h. Il semblerait que les forces de l’ordre étaient très nerveuses, et ont répondu à des provocations au lieu de protéger les adolescents. Six gardes à vue sur mineurs auraient été menées dans des conditions humiliantes au commissariat de Fontainebleau (voir sur le net MEDIAPART FONTAINEBLEAU).
Au plan national, François Fillon et Brice Hortefeux ont immédiatement dénoncé les organisations syndicales qui manipulaient selon eux les lycéens. Dominique Voynet, maire Vert de Montreuil où un jeune a été touché au visage par un tir de flash-ball, a dénoncé ce qu’elle qualifie de « violences policières contre les lycéens ». Les fédérations de parents d’élèves ont appelé au calme.
Que dire de la manifestation de Fontainebleau ? Elle était spontanée et ce qui frappe c’est la sincérité des lycéens. Certains ont étudié les textes de la loi et s’inquiètent de travailler jusqu’à près de 75 ans. La plupart expriment tout haut un malaise dans les lycées. La région rénove les bâtiments, fournit tout le matériel numérique mais l’Education Nationale est à la peine : les suppressions de postes se font sentir, les changements à répétition du ministre accélèrent les réformes. Les directeurs d’établissement font le maximum, mais les moyens sont limités : comment enseigner les langues étrangères à un groupe de 35 élèves, comment assurer un soutien sans professeurs supplémentaires ? En classe de seconde, les livres ne sont toujours pas disponibles, les professeurs ne connaissent pas les programmes du futur bac, l’improvisation est totale. De jeunes professeurs sont directement affectés à des classes sans formation à la pédagogie en IUFM.
La génération 2010 est différente de la 2006, ou de la 1995. C’est la première génération internet. Ils sont nés avec le net, ils l’utilisent tous les jours. Le soir, ils se connectent, rejoignent leur tribu, échangent des nouvelles et travaillent en mode coopératif. Ils lisent la presse internationale en VO. Ils sont lucides sur la situation économique et savent qu’ils devront s’expatrier. Mais ils sont très débrouillards, ouverts, intelligents et talentueux. Ne brisons pas leur rêve, soutenons leur projet !