Kevin a vingt ans, il est étudiant à Fontainebleau et loge à Avon. Il est « bus dépendant », il ne possède pas de voiture et son vélo, vandalisé par deux fois, a été rangé dans le grenier.
Nous l’avons rencontré à un arrêt, attendant stoïque sous la pluie, l’arrivée du bus. Kevin nous a parlé de son angoisse chaque matin de voir le bus en retard ou annulé. Tous les jours, il y a des imprévus et un trajet de 4 kms se transforme fréquemment en grande aventure. Sur les 4 lignes, la ligne A est l’objet de toutes les attentions (bus modernes, fréquence portée au quart d’heure dans les heures de pointe, calage sur les trains en provenance et à destination de Paris). Les autres lignes sont bien moins loties : le matériel roulant est ancien, parfois mal entretenu, voire accidenté et souvent sous-dimensionné pour le nombre de passagers qui s’y entasse. Certaines destinations ne sont plus accessibles à certains moments de la journée et la vitesse de déplacement n’excède parfois pas 6 kms/h, quand le bus est passé et repassé par la gare très difficile d’accés.
Kevin souhaiterait une amélioration de la qualité du service : plus de confort, une meilleure fréquence et une ponctualité parfaite. Les abris bus sont rares sur le réseau, les panneaux d’affichage reliés par radio au bus et annonçant son heure d’arrivée sont réservés à la ligne A. Beaucoup d’arrêts ont été déplacés et ne sont plus conformes à la réglementation sur le handicap : dernièrement, le bus s’est arrêté devant une tranchée, et Kevin a du prendre dans ses bras une personne âgée bloquée sur le marche-pied. Un matin de février, une épaisse couche de verglas recouvrait les rues ; l’avis de non-circulation des bus a été transmis par internet, mais trop tardivement, il était 7h30 et Kevin attendait depuis une heure un bus fantômatique.
Ils sont 6 600 voyageurs comme Kevin à utiliser chaque jour le réseau urbain de la communauté de communes de Fontainebleau-Avon, 6 600 citoyens pris en otages par un système géré par la communauté, le Syndicat des Transports d’Ile de France et l’exploitant Veolia. Qui est reponsable de ces insuffisances ? Personne, c’est le problème majeur de cette organisation, où le service public et l’intérêt du citoyen disparaissent devant les objectifs de rentabilité de l’exploitant, l’éloignement du Stif et les errances de l’exécutif local qui fait dans les effets d’annonce et utilise personnellement très peu le transport par bus.
Kevin étudie le développement durable, il rêve de transports en site propre et d’une mobilité complète. Ses chaussures usées trahissent sa dure réalité : la marche à pied sportive est toujours d’actualité. C’est décidé, lorsqu’il travaillera, son premier achat sera … une voiture.