jeudi 8 septembre 2011

La vérité sur la fin du cinéma "Le Select", place Bonaparte, à Fontainebleau



Fermé depuis décembre 2006 en raison de sa vétusté, le cinéma le Sélect de Fontainebleau devait rouvrir ses portes au début de 2009. Classé art et essai, ce cinéma était destiné à offrir aux cinéphiles de la région des films de qualité mais s’adressant à un large public. Le Conseil régional d’Ile-de-France et le Conseil général de Seine-et-Marne participaient au financement de cet ensemble de cinq salles équipées en numérique qui pouvaient accueillir 1000 spectateurs. En 2009, le permis de reconstruction a été suspendu par un recours déposé par une association de protection du patrimoine. Le 1er juin 2011, la propriétaire a annoncé l’abandon du projet : il y aurait eu une baisse de 28% de la fréquentation des cinémas bellifontains en 2010, contre 13% au niveau national. Les banques se sont désengagées.


Dans la presse locale, et chez les élus UMP, nous avons assisté à une campagne très violente contre les associations : interview et radio-trottoir à l’appui, les coupables étaient désignés à la vindicte populaire.


La vérité, comme toujours, est beaucoup plus nuancée. Première erreur de la mairie de Fontainebleau : elle a autorisé la démolition de l’ancien bâtiment avant validation définitive du permis. Le quartier est aujourd’hui une friche industrielle. Deuxième erreur : la mairie n’a pas suivi les recommandations de l’Inspecteur général de l’Architecture et du patrimoine, qui en juin 2009, écrivait : « ce projet est de nature à porter gravement atteinte aux abords du Château de Fontainebleau ». Il y a eu ensuite un dialogue insuffisant entre le propriétaire, l’architecte, les pouvoirs publics et les associations. La crise est arrivée et le Select est mort d’une réalité économique incontournable qui s’appelle la rentabilité.


Et pourtant, nous apprécions beaucoup notre cinéma bellifontain de quartier. La programmation est éclectique, l’accueil parfait. Il est agréable de sortir en ville pour voir un bon film, puis d’aller diner en urbanité et non dans une zone industrielle. Les propriétaires ouvrent leur cinéma aux écoles, recoivent les réalisateurs et acteurs de films à petit budget, accueillent les associations pour des projections engagées avec Amnesty International ou pour les grandes causes écologiques. Mais il est difficile de résister face au matraquage des grands groupes : un réseau de comité d’entreprises proposait récemment un E-billet à 4,25 €.


Que faire pour aider les cinémas de ville ? Augmenter l’attractivité commerciale ! Il faut des parkings gratuits pendant 3 heures. Il faut un accès facile en transports en commun tard dans la soirée. Il faut soutenir un réseau de bars et restaurants, lieux de convivialité et complémentaires du cinéma. Il faut compléter l’offre commerciale et de loisirs. Il faut garder les étudiants. En un mot : promouvoir une ville accueillante, vivante et différente.