Collecteur des eaux usées de Fontainebleau-Avon en sortie de la station d'épuration et se déversant dans la Seine (juin 2009).
Arte a diffusé le 22 mars 2011 un documentaire « Water Makes Money » sur la gestion de l’eau en France et en Allemagne. Réalisé par Leslie Franke et Herdolor Lorenz, ce film dénonce les manœuvres des marchands d’eau qui se sont appropriés la distribution de l’eau potable et de son assainissement, non pour le bien-être des consommateurs et l’avenir de la planète, mais pour engranger des profits très importants. Jamais des journalistes français n’auraient pu parler avec autant de franchise de ce sujet qui dérange.
Une enquête minitieuse, dans plusieurs villes, retrace les faits marquants de la fourniture de l’eau potable et des relations très ambigues entre les politiques et les sociétés délégataires. Raymond Avrillier, ancien adjoint au maire de Grenoble, affirme que la Lyonnaise des Eaux a, dans les années 90, corrompu le maire. Ellea ainsi obtenu la délégation de service, puis a augmenté le prix de l’eau , tout en réduisant l’entretien du réseau, et ce pour plus de profits (Alain Carignon a été condamné à 4 ans de prison ferme). Le maire de Brunswick avoue, qu’après avoir accepté un droit d’entrée lors de la privatisation du service de l’eau, il a transféré la dette de la commune sur les consommateurs. Un expert-comptable a relevé toutes les anomalies dans la gestion de l’eau à Bordeaux, les consommateurs ont payé le service 30% trop cher.
Il y a aussi des politiques honnêtes qui détaillent les décisions prises : Anne Le Strat, maire adjoint de Paris explique que le retour en régie de la distribution de l’eau va permettre de récupérer chaque année 40 millions d’euros qui seront fort utiles pour améliorer le réseau et faire baisser les prix. Christian Ude, maire de Munich affirme « On apprécie la privatisation les premiers jours quand on encaisse les bénéfices, puis vient le moment où l’on a plus rien, on perd toute influence sur les prix et sur la qualité environnementale. On a en d’autres termes abdiqué ses fonctions de conseiller municipal » . La ville de Munich a signé des conventions avec les exploitants agricoles installés dans les zones de captage : ils passent en bio afin de réduire les taux de nitrates et de pesticides.
En mai 2011, la communauté de communes de Fontainebleau-Avon a reconduit pour dix ans le contrat de délégation de service public la liant à la Société des Eaux de Melun. Un appel d’offres réglementaire a été lancé. Le choix s’est fait en catimini, sans aucun débat public, les conseillers municipaux des deux villes n’ont reçu aucune information. C’est dommage. Il aurait été intéressant d’échanger sur ce dossier. Des conseillers de droite et de gauche étaient prêts à le faire. Les partisans de la délégation de service public auraient pu défendre l’intérêt de s’appuyer sur un professionnel compétent qui possède un savoir-faire et propose des économies d’échelle. Les défenseurs de la régie municipale auraient parlé du bien général et de la préservation de la ressource.
Le secret qui entoure ce dossier amène à se poser des questions :
- Comment expliquer la santé financière exceptionnelle de la société des Eaux de Melun filiale de Veolia ?
- Pourquoi le réseau de distribution est-il en si mauvais état ( 20% de fuites ) ?
- Pourquoi avoir choisi de construire une nouvelle station d’épuration si chère (2 fois le prix normal) et dotée d’une technologie de filtration complexe et onéreuse en fonctionnement ?
- Que faisait le maire d’Avon au congrès de l’IWA à Montréal en juillet 2010 (l’Agence internationale de l’eau est une association de promotion de l’eau financée par Veolia et Suez) ?
Ps : vous pouvez revoir le documentaire sur Dailymotion.
mardi 21 juin 2011
« Water makes money », in Avon too ?
Libellés : Environnement